Parents d'aujourd'hui, parents différents ? Être parents en 2022, entre nouvelles postures et autre état d'esprit, je vous décrypte mon sentiment.
Devenir et être parents en 2022, dans ce contexte national et international si particulier, il est difficile pour moi, de poser un seul qualificatif qui résumerait l’ensemble de cette situation.
On peut dire avec certitude que les parents d’aujourd’hui ne sont plus les parents d’hier ! Voilà un constat que je crois nous sommes nombreux à partager (même si 80% des parents utilisent la VEO comme moyen éducatif en 2022) mais comment pourrait-on définir ces nouveaux parents ? Les nouveaux parents sont, je le crois, interrogatifs, en quête de sens, de désir de ‘bien faire’ avec et pour leur enfant et au de-las de réussir leur vie de famille. Mais ‘bien faire’ ne veut rien dire car ce qui est bien pour l’un ne l’est pas forcément pour l’autre..
Est-ce que le contexte d’insécurité financière (inflation) sécuritaire (guerre) et sanitaire (épidémie) renforce cette posture ou est-ce qu’au contraire il est un accélérateur du lâcher prise ? Je pense que les deux attitudes sont en place aujourd’hui.
Story : L’autre jour, un papa à qui je demandais s’il attendait pour assister à un de mes ateliers futurs papas, à la maternité me disait : ‘Non, je n’ai pas rendez-vous avec vous, nous on y va au feeling’ ! Voilà une posture très claire et très franche (voir insouciante) J’avais cette posture moi aussi et je m’ai payé à mes frais et que dis je aux frais de ma fille !!
Et pourquoi pas y aller au feeling ? En effet, même si je milite pour la préparation à la parentalité qui m’apparait plus qu’essentielle, il faut dire franchement que l’on peut très bien avancer à tâtons, ensemble et que tout se déroule sans accroc. La parentalité c’est un peu comme la thématique de la prévention des risques : on peut tout sécuriser et être une personne avertie et devoir un jour, affronter le pire ou être dans le laxisme absolu de la prévention des risques le plus total et qu’il ne vous arrive strictement rien ! C’est juste une question de roulette russe. Celui qui appui sur la gâchette et qui entends juste un clic, est légitime pour dire que cela est une folie que de croire que l’on risque beaucoup à tenter sa chance…sur le coup il a raison à 100% en effet. Et celui qui n’a pas cette chance et qui entend un pas un clic mais un boom n’aura même pas le temps d’argumenter pour dire l’inverse : voilà résumé ici dans cette exemple concret, la double posture possible de prise de service et d’accomplissement de la parentalité.
Mais il suffit juste d’une fois, et c’est là que le bât blesse….Un fois catastrophique, une fois ou l’horreur entre avec effraction et ne sort plus de chez vous. C’est ainsi que cela fonctionne dans de nombreux domaines en lien avec la vie de parent.
C’est cette fois de trop dans le couple, ou cette mesure de sécurité en moins dans la maison, tout va très vite et surtout tout est systémique dans la vie de famille ! Rien n‘est sans conséquences
Oui, rien n’est sans conséquences, un bébé qui cri réveille notre alarme et nous appelle à nous occuper de lui rapidement et cet appel à l’action peut aussi nous pousser du côté obscur, c’est à dire que l’insuportabilité de ce cri nous pousse, malgré nous, à secouer notre bébé avec des conséquences dramatiques et aussi très souvent irréversible
Est-ce que finalement dans ces deux domaines, du couple postnatal et de la prévention des risques pour notre enfant, compte tenu de la minceur de la frontière entre ce : ’on y va au feeling et ça va bien se passer’ et ce : ’On a vécu un drame irréversible’; ne vaut-il pas mieux quand même, passer par la case ’prévention’ ?
La problématique est que non seulement rien n‘est sans conséquences, on vient de le voir, mais de nombreuses conséquences sont inqualifiables et sans possibilité de marche arrière (je dis souvent : ‘dans la petite enfance c’est grave ou c’est rien, il n’y a pas juste milieu’) cela justifie à mon sens de se préparer à devenir parents car le frontière est perméable, on bascule de l’autre côté en un rien de temps, on est happé par ce côté obscur en une fraction de seconde, et si c’est la cas, on ne revient jamais du côté initial, sauf si comme moi vous êtes témoin d’un miracle.
C’est toute la cause de mon combat au quotidien dans le cadre de mes action d’ateliers parentalité. C’est pourquoi je persiste à dire qu’en effet, vous pouvez avancer au jour le jour, sans connaissance aucunes, sans anticipation, sans préparation, sans ajustement en fonction des stades de développement de l’enfant mais à vos risques et périls et surtout au risque d’une autre personne que vous, qui plus est, votre enfant et que cela se passe bien. Vous pouvez aussi, bien sur (et je crois que cela est la meilleure posture ) acquérir un certain nombre de connaissances et vous inscrire dans l’ajustement permanent et ainsi prévenir au maximum, sans pour autant je l’ai évoqué juste avant avoir une garantie à 100% mais limiter, éviter, les possibilités de rencontrer le pire !
Voilà toute l’ambiguïté de la parentalité, la malignité de la situation qui d’un côté laxiste ne garanti rien et de l’autre ‘préventioniste’ de garantie rien de manière absolue non plus. On pourrait alors se dire dans ce cas autant y aller au feeling !
Cela serait presque légitime sauf que l’on ne connait pas les chiffres exacts du bénéfice de la vertu du mode ‘préventionsite’, je suis intimement convaincu que c’est cette posture qui apporte le plus de garanties face à cette incertitude inévitable, qui nous permet de nous approcher au plus près de l’assurance du bien-être familial. Il n’y aura pas d’assurance, de promesse, de gage de sûreté maximale, mais chercher à s’en rapprocher est quand même bien là, selon moi, notre mission première de parent.
Gilles Vaquier de labaume